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Quels sont les symptômes ?
Lors de leur apparition, les polypes ne sont responsables d’aucun symptôme. La plupart des patients développent des polypes sans la moindre plainte. Cependant, un ou plusieurs symptômes peuvent apparaître : 1. Du sang dans les selles 2. Des épisodes de diarrhée 3. Des épisodes de constipation 4. Des douleurs, des crampes abdominales La présence de symptômes plus importants est en général plus tardive et traduit déjà la transformation d’un des polypes en cancer. Il ne faut donc pas atteindre l’apparition des symptômes et dépister l’affection. L’intérêt de réaliser une enquête familiale et génétique est très important car cela permet à partir d’un patient, de pouvoir identifier dans sa famille les sujets chez qui l’affection peut être présente.
Le diagnostic
Lorsque la Polypose Adénomateuse Familiale apparaît pour la première fois dans une famille, c’est la découverte inattendue de nombreux polypes colorectaux par coloscopie qui permet d’établir le diagnostic. Un test génétique est alors réalisé chez la première personne atteinte afin de rechercher l’anomalie génétique à l’origine de la maladie. Dans 80 % des cas, ce test permet d’identifier un gène défectueux et la mutation qui le rend inopérant. Il est alors possible de reproduire ce test chez toutes les personnes à risque de la famille, pour déterminer qui est porteur de ce gène et qui ne l’est pas. Dans 20 % des cas, le gène responsable de la maladie n’est pas identifiable. On ne peut donc pas déterminer à l’avance qui développera une polypose et qui n’en développera pas. Toutes les personnes à risque doivent alors être suivies régulièrement à partir de 10-12 ans par une coloscopie totale (côlon et rectum). Cet examen permet de détecter l’apparition des polypes responsables de la polypose.
Vous êtes « personne à risque » si l’un de vos parents au premier degré (votre père, votre mère, l’un de vos frères et sœurs ou l’un de vos enfants) est atteint de polypose. Si l’un de vos oncles ou votre grand-père est atteint, mais qu’aucun de vos parents ne l’est, vous n’avez aucun risque d’être porteur de l’anomalie génétique responsable de la Polypose Adénomateuse Familiale.
Transmission de la PAF – Aspects génétiques
Les maladies génétiques sont fréquentes et certaines de ces maladies sont graves et mortelles, même chez l’enfant. Ce n’est pas le cas de la polypose et d’autres maladies beaucoup moins sévères avec lesquelles on peut très bien vivre. Maladie génétique ne veut donc pas forcément dire sévère et gravissime.


Traitements de la PAF
La chirurgie du rectum et du côlon Le traitement endoscopique (coloscopie pour l’exploration du rectum et du côlon) ne permet pas de retirer un à un les polypes car ils sont trop nombreux et reviennent rapidement. L’intervention chirurgicale est le seul traitement efficace. Il s’agit d’un traitement préventif, d’où le nom de chirurgie prophylactique. Plusieurs techniques sont utilisées. Le type d’intervention sera choisi de la manière la plus adaptée à chaque cas. Les différentes interventions les plus habituelles sont répertoriées dans le tableau ci-dessous :
Colectomie totale avec anastomose iléo-rectale |
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Ablation totale du colon. Extrémité de l’intestin grèle abouchée au rectum. Meilleur qualité de vie mais surveillance endoscopique annuelle impérative du rectum. |
Intervention proposée lorsque polypes<1000 et polypes rectaux<5. |
Coloprotectomie avec réservoir iléal et anastomose iléo-anale |
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Ablation du côlon et du rectum. Traitement définitif. dysplasie sévère ou> 3cm. chirurgie plus complexe avec effets collatéraux plus importants, donc à discuter au cas par cas. Surveillance endoscopique annuelle du réservoir iléal. |
Intervention proposée lorsque polypes rectaux > 20, PAF profuse (> 1000 polypes), PAF avec cancer du rectum. |
Coloprotectomie avec iléostomie définitive |
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Ablation complète (rectum et colon) et intestin grêle abouché à la peau, mise en place d’une stomie définitive. |
Intervention rare proposée lorsque cancer du bas rectum < 1 cm de la ligne pectinée, refus du patient de l’anastomose iléo-anale, PAF avec antécédents de résection du grêle. |

– On parle de Duodéno-Pancréatectomie Céphalique (DPC) si le duodénum et l’ampoule de Vater sont atteints et que le traitement par endoscopie ne suffit pas. C’est une chirurgie lourde qui consiste à retirer la totalité du duodénum et une partie du pancréas. Elle peut donner du diabète et des complications importantes post-opératoires. Cette intervention est à éviter et n’intervient qu’en dernier recours, lorsque les polypes sont dégénérés ou non extractibles autrement.
La vie quotidienne après l’intervention
Pendant les quelques mois qui suivent l’intervention, les troubles digestifs peuvent altérer la vie sociale : peur de sortir de chez soi, d’être pris de court, etc… Les patients ayant subi une coloproctectomie peuvent avoir, au départ, plus de difficultés d’adaptation que ceux qui ont eu une colectomie totale. Cependant, avec l’habitude, la plupart des personnes peuvent s’alimenter sans régime particulier et mener une vie normale quelques mois après l’intervention chirurgicale, reprennent leur métier ou leurs activités, pratiquent du sport, etc… L’activité sexuelle ne sera pas affectée si l’intervention est réalisée à un stade précoce de la maladie. La réalisation d’une anastomose iléo-anale peut entraîner une baisse de la fécondité chez la femme jeune. L’accouchement par voie basse est possible avant ou après chirurgie en discutant auparavant avec chaque chirurgien. Dans le cas d’une coloproctectomie avec anastomose iléo-anale, il est recommandé d’accoucher par césarienne car l’accouchement par voie basse peut provoquer des effets sur les fonctions sphinctériennes et sur les muscles pelviens qui soutiennent la vessie.
Le suivi après une Colectomie totale
La colectomie totale permet d’éviter la survenue d’un cancer dans le côlon, mais elle n’empêche pas un cancer au niveau du rectum. Un suivi régulier « à vie » du rectum est donc impératif pour surveiller l’évolution des polypes éventuellement présents et prévenir l’apparition d’un cancer. Ce suivi comporte une rectoscopie (avec coloration à l’indigo-carmin) qui est généralement réalisée une fois par an, tout au long de la vie. En cas de polypes, ceux-ci peuvent être retirés ou détruits lors de la rectoscopie.Le suivi après une Coloproctectomie
Le réservoir iléo-anal qui est réalisé lors d’une coloproctectomie pour remplacer le rectum doit faire l’objet d’une surveillance après la chirurgie, car il est très fréquent que des polypes s’y développent. Un suivi par endoscopie (avec coloration indigo carmin) est généralement programmé 6 mois après l’intervention, puis un an après, pour examiner le réservoir iléal et la suture entre ce réservoir et l’anus. Cet examen est ensuite renouvelé généralement tous les ans ou tous les deux ans, (car les polypes évoluent lentement), à vie. Si des polypes sont découverts pendant l’examen, une biopsie est réalisée. Les polypes sont retirés.La prise en charge des Tumeurs Desmoïdes
L’apparition de tumeurs desmoïdes pourrait être une conséquence de la chirurgie du côlon et du rectum. Elles apparaissent en moyenne dans les 4 ou 5 ans qui suivent l’intervention. Ces tumeurs ont la particularité d’être non cancéreuses, mais très infiltrantes. Elles se développent aux dépens des organes de l’abdomen, souvent à partir des cicatrices laissées par la chirurgie. Elles n’ont pas de contours bien délimités et ressemblent plutôt à une toile d’araignée rigide qui se tisse entre les différents organes. Il n’existe pas de traitement préventif qui permette d’éviter l’apparition de ces tumeurs. Le diagnostic des tumeurs desmoïdes se fait grâce à un examen d’imagerie (scanner ou IRM). Ces tumeurs sont très difficiles à traiter par chirurgie, d’une part parce qu’elles ne sont pas bien délimitées et, d’autre part, parce qu’elles ont un risque important de récidive. Il est donc conseillé d’intervenir le moins possible par chirurgie, sauf si les tumeurs provoquent une gêne importante sur certains organes. La décision d’intervenir doit alors être discutée par des médecins spécialistes.En Conclusion
- Suivi très régulier, à vie,
- Avis expérimentés, conseils de prise en charge pour traitements lourds auprès d’équipes spécialisées,
- Ne pas hésiter à demander un autre avis médical.