Si je désire témoigner ce n’est pas dans un but de susciter des apitoiements, au contraire, il a pour objet de nous faire parler et de générer des échanges. Il a donc pour objectif d’être constructif et évolutif dans le temps, comme j’ai toujours évolué dans la vie. J’ai 45 ans. Il y a plus de deux ans, j’ai éprouvé de vives douleurs dans le bas du ventre une après-midi du mois de Juin 2017.
J ‘étais en pleine force de l’âge, travailleur à temps plein dans le transport livraison et épanoui personnellement. Je n’avais jamais eu de problèmes de santé sérieux. N’ayant pas de médecin référent, ni de mutuelle, j’étais très loin d’imaginer la suite. Après une nuit toujours douloureuse, un médecin m’envoie aux urgences au vu des symptômes. Persuadé d’être victime d’une appendicite, j’effectue un scanner. Le diagnostic tombe très vite : une tumeur au côlon. Je suis dans la stupeur et l’interrogation. Après un weekend d’hospitalisation, je passe une coloscopie de contrôle et la vérité tombe. On me découvre 25 à 30 polypes adénomateux dans le côlon dont la tumeur qui a perforé le côlon. Je suis en pleine occlusion intestinale. Et la vie s’arrête pour moi, momentanément certes, mais le coup est rude. Je suis dans la stupeur étant, encore une fois, très loin de penser et d’agir face à ce type de dangers. Pendant mon hospitalisation avec en point d’orgue mon opération, j’ai subi, faisant confiance au corps médical sans moyens de réagir, n’ayant aucune connaissance dans le domaine.
On m’opère le 29 juin 2017 pour une colectomie totale. Il s’ensuit un long rétablissement pendant six mois. Je vois différents spécialistes dont un cancérologue : j’accepte de faire une chimiothérapie préventive faisant toujours confiance. J’ai toujours été optimiste m’appuyant sur l’assurance du corps médical. Étant bien entouré familialement, j’ai pu verbaliser et mettre des mots ce qui est primordial dans la qualité de rétablissement.
Aujourd’hui, je vais bien grâce à une gestion au quotidien, notamment au niveau de mon alimentation. Après une phase d’acceptation et de deuil, j’ai révolutionné mes repas. En m’appuyant sur le discours des spécialistes (gastroentérologue et diététiciens), j’ai personnalisé mes repas à base de légumes et féculents avec une bonne hydratation tout au long de la journée. Je mixe mes repas de manière à ce qu’ils soient à la fois solides mais aussi variés pour un bon transit. J’ai réduit la quantité de selles 3 à 4 par jour actuellement pour contrecarrer les effets indésirables d’une possible déshydratation. J’ai mis du temps, 2 ans, et essuyé pas mal d’échecs, pour trouver ce type de régime convenant à mon corps. J’ai trouvé un certain équilibre certes précaire car il exclut tous produits sortant de ce quotidien. Il n’y a pas de recette miracle, je pense, chacun compose en fonction des réactions de son corps.
Les recherches génétiques effectuées et renforcées par les études sur mes parents ont diagnostiqué deux mutations du gène MUTYH sur deux chromosomes différents avec pour nom sur la maladie la polypose colique. Une nouvelle fois je me retrouve face à un domaine de connaissances que je ne maîtrisais pas en amont. Après des recherches et plusieurs entretiens avec des spécialistes, je suis à la fois alerté et philosophe. J’ai des contrôles tous les six mois (scanner ou échographie). Et face à ce type de maladie génétique, j’ai pris le parti de vivre avec.
En espérant que ce témoignage est suffisamment parlant pour tous et enclin à converser.
Tony